"À l’Orangerie, Pierrette est comme au Paradis !"
Pierrette a un parcours de vie peu banal. Après avoir passé une année pleine en EHPAD, elle décide de s’installer en Résidence Services Seniors pour personnes autonomes… et ce à 99 ans ! Cela se passait le 1er avril dernier, mais l’histoire n’a rien d’une blague. Alerte et coquette, l’œil pétillant, l’esprit vif et l’humour à fleur de peau : qui pourrait lui donner son âge ? Et pourtant, à l’aube de son centenaire, Pierrette a – forcément – vécu plusieurs vies. Elle nous raconte son histoire et son installation à L’Orangerie, où elle fêtera ses 100 ans en février prochain…
Des faux airs d’Ava Gardner…
Sur sa table de nuit, on remarque une photo prise au Studio Harcourt. La demoiselle a des faux airs d’Ava Gardner, mais c’est bien un cliché de Pierrette, pris dans la force de sa jeunesse.
Une jeunesse passé en Algérie, où elle est née en 1925… vingt-cinq années après la première de ses trois sœurs. Une venue au monde tardive, qui l’isolera quelque-peu de ses ainées. Mais elle aura surtout une autre conséquence que Pierrette nous confie, émue : je n’avais que six mois lorsque mon père a disparu. Je n’ai donc pas de souvenirs de lui. Et puis, surtout, je n’ai jamais dit "Papa" de toute ma vie. Aussi étrange que cela puisse paraître, c’est quelque chose qui me manque, aujourd’hui encore.
Un père teinturier d’art, qui achetait les couleurs fondamentales pour créer ses propres nuances, à l’aide de sa pesette, tel un alchimiste… Est-ce un hasard ? Très tôt, Pierrette se montre douée pour le dessin. Et cela lui ouvrira de nombreuses perspectives…
Premier Prix du concours de Dessin
Lorsqu’un concours de dessin est organisé à Alger, la mère d’une amie l’y inscrit… à son insu ! Elle m’appelait souvent "mon petit génie", se souvient Pierrette, amusée. Elle m’a convaincue en me rappelant que j’avais toujours un crayon à la main et c’était vrai !
Le concours porte sur les compositions florales. Pierrette prend le parti de dessiner un guéridon, sur lequel trône un joli bouquet de mimosas. Et sur le bord de la table, j’ai ajouté une petite botte de violettes. Un choix payant, puisque la jeune femme remporte la compétition ! Le dessin est devenu une vraie passion, qui m’a ensuite conduit vers la couture.
Daphnée, sa petite-fille, nous le confirme : Mamie est capable de concevoir des pièces très complexes, en 3D dans son esprit, puis de fabriquer le patron, de couper les tissus adéquats et de coudre le tout. Bref, de gérer le process dans son ensemble. C’est ainsi qu’elle réalisera, trois mois durant, la robe de mariée de Daphnée, dont la traîne sera amovible, afin de pouvoir danser après la cérémonie. C’est ce qu’on appelle "le souci du détail"…
De la Haute-Couture au Journal Télévisé
Une méticulosité et une capacité à voir les choses dans leur globalité qui vaudront à Pierrette d’intégrer une maison de haute-couture, à Alger. Et c’est précisément en confectionnant une robe-chemise pour le compte d’une relation, qui travaillait à la télévision, que Pierrette se voit proposer de rejoindre la rédaction du journal télévisé en tant qu’assistante.
J’avais alors une trentaine d’années. Je réalisais une revue de Presse, tôt le matin, et sélectionnais les informations les plus importantes, afin que les journalistes se rendent sur place et procèdent à des investigations plus poussées.
Pierrette est alors mariée à "Loulou" depuis 1946, elle a eu une fille avec lui, et elle exerce dans les studios de la télévision algérienne quatre années durant. Jusqu’aux "événements" et à l’indépendance…
De l’Algérie à la Côte d’Azur
En 1962, la famille quitte donc l’Algérie pour s’installer en France, sur la Côte d’Azur. Couturière expérimentée, Pierrette trouve rapidement une nouvelle clientèle. Le bouche-à-oreille fonctionnait bien, et je réalisais toutes sortes de pièces : des gants, des chaussures, des chapeaux ou des sacs à main… sans avoir jamais fait d’école !
Car la jeune femme est une véritable touche-à-tout que rien n’effraie. Elle seconde également son mari. D’abord au sein de son imprimerie puis, quelques années plus tard, dans son entreprise d’étanchéité. Et là encore, son goût pour le dessin, ses facilités à se repérer dans l’espace, permettront de résoudre nombre de problèmes et de proposer des solutions sur mesure pour imperméabiliser les toits. Une aptitude rare : la spatialisation.
Mais en 1981, c’est d’espace que le couple décide de changer. Pierrette et son mari quittent le littoral, mais le choix n’est pas encore arrêté : ce sera Nîmes ou Montpellier. Et puis, un prospectus tendu par un jeune homme, alors qu’elle roule en voiture, l’intrigue. On y parle d’un lotissement à Saint-Mathieu-de-Tréviers…
La croisière sur le Rhin
Pierrette s’y rend, pour visiter, mais la maison est trop grande. Inutile d’insister. L’agent immobilier l’incite tout de même à venir dans le salon, sûr de ses arguments…. La vue sur le Pic Saint-Loup m’a fait changer d’avis ! J’ai signé tout de suite. J’étais émerveillée. Le couple s’installe donc dans l’arrière-pays héraultais et y vit paisiblement de longues années. Malheureusement, "Loulou" disparaitra en 2009. Mais une fois encore, le destin se chargera de placer une belle personne sur la route de Pierrette…
Une route qui prendra la forme d’une voie maritime, puisque c’est à l’occasion d’une croisière sur le Rhin que la vie de notre future résidente basculera, une nouvelle fois. Elle prend donc le bus qui l’emmène de Saint-Mathieu-de-Tréviers à Strasbourg, pour rejoindre son bateau. Ce qu’elle ne sait pas encore, c’est qu’à Saint-Gély-du-Fesc, situé à quelques encablures seulement, un certain Daniel prend lui aussi le car pour se rendre au même endroit… et pour les mêmes raisons.
Durant la croisière, Daniel observe Pierrette, qu’il trouve solaire. Et lors d’une escale où tout le monde se précipite pour visiter la cathédrale, notre retraitée ralentit ostensiblement le pas. Elle tend alors l’oreille, car derrière son dos, un homme lui demande ce qu’elle pense des moutons de panurge. La réponse, piquante, ne se fait pas attendre. Daniel lui propose un café ; Pierrette donne son accord pour un thé et ceux que les chauffeurs de bus nomment désormais "les fiancés" feront le retour en terres héraultaises ensemble…
Le bonheur dans les Cévennes
La vie est heureuse, aux pieds des Cévennes, mais chacun décide de rester chez soi. Trois jours chez l’un, trois jours chez l’autre… chacun y trouve son compte. Il y a aussi des voyages en amoureux. En Italie, bien sûr, en Espagne, mais aussi en Bretagne ou à Bayonne. Daniel était un ange, un parfait gentleman. Il m’avait d’ailleurs demandé en mariage, mais j’ai refusé, estimant qu’on était trop vieux pour cela.
Le couple vit dans le bonheur une douzaine d’années et puis, la santé de Daniel se dégrade. D’abord une mauvaise chute, puis la maladie d’Alzheimer qui s’installe. Petit à petit. Pierrette joue le rôle d’aidante et y laisse une bonne partie de son énergie. La période est délicate et tous deux attrapent la Covid et la grippe fin 2022. Pierrette est sévèrement touchée et doit être hospitalisée, tandis que Daniel se voit placé dans un établissement spécialisé, plus adapté à ses besoins.
S’ensuivront une hospitalisation à domicile, quelques mois durant, puis l’emménagement en EHPAD. Et là, pendant un an, Pierrette récupèrera l’intégralité de ses facultés cognitives comme de sa mobilité. Dès lors, pourquoi ne pas songer à intégrer un établissement dédié aux personnes autonomes ?
L’Orangerie : un lieu magnifique
C’est en faisant des recherches sur internet que sa petite-fille Daphnée découvre la Résidence Services Seniors de L’Orangerie. Je suis venu visiter et j’ai trouvé ce lieu magnifique. De plus, les tarifs étaient beaucoup plus abordables que ce que nous payions précédemment. Ma grand-mère ayant moins besoin de soins, tout s’est parfaitement combiné. Je me suis alors dit qu’ici, Mamie serait au Paradis !
Pour autant, comme toute nouvelle étape, l’entrée en RSS peut générer quelques craintes. Qui plus est à 99 ans. Au tout début, je me suis sentie un peu seule, nous dit Pierrette. Heureusement, mon voisin était vraiment très sympathique et attentif. Cela m’a bien aidée. Et puis, il faut aussi dire que le personnel est dévoué. C’est un bon point. Alors, pour être tranquille, elle souscrit au Pack Fraîcheur comme au Pack Quiétude, afin de ne pas avoir à s’occuper du ménage, ni des commandes et livraisons de médicaments.
Je prends également tous mes repas de midi au restaurant ; j’y rencontre des copines et des copains… et l’on y mange très bien ! Important pour la santé comme pour le moral. C’est aussi pour cela que Pierrette prend parfois le tea-time avec les autres résidents, en fin d’après-midi, afin de partager une boisson chaude, un gâteau et, plus encore, un moment dédié aux échanges et aux sourires…
La Fontaine de Jouvence
Il m’est aussi arrivé de participer à des jeux de mémoire, avec l’animatrice et d’autres résidents ou d’assister à la projection d’un film. Je marche parfois dans le square Edith Piaf, qui est accolé à L’Orangerie. C’est beau : on a de la chance. Mais à mon âge, les sorties sont plus limitées qu’avant.
Pierrette passe donc beaucoup de temps dans son appartement, dont elle a fait son petit cocon. Je m’y sens bien. On a fait un mixte entre mes meubles et ceux de la résidence. C’est fonctionnel et joli, il y a aussi un petit balcon. Parfait pour moi.
Mais surtout, ses arrière-petits-enfants, Antinéa et Théodore, ainsi que sa petite-fille, viennent lui rendre visite toutes les semaines. Et ils me gâtent ! Regardez donc dans les tiroirs : des gâteaux, du chocolat, du caramel… et si c’était là le secret de ma longévité ?
Et Daphnée de renchérir : peu de personnes passent de l’EHPAD à la Résidence Services Seniors. En fait, Mamie, elle rajeunit ! C’est tout ce que l’on vous souhaite, Pierrette, et nous serons là, en février prochain, pour fêter avec vous votre centenaire !
Si vous souhaitez en savoir plus sur la résidence de L'orangerie, située au coeur du quartier des beaux-arts, n'hésitez pas à visionner la vidéo ci-dessous ou à consulter la page dédiée.