Vis ma vie de résident - Le témoignage de Michel Picard

Témoignage
Texte

"J’ai eu une belle vie, une très belle vie, même. Et elle se poursuit ici, à Maleska, avec autant de bonheur…"

Michel picard tout sourire au Domaine de Maleska, résidence services seniors OccitaliaMichel Picard aime la vie. C’est une évidence. Il en apprécie chaque instant… au point de ne dormir que six heures par nuit, afin d’en gâcher le moins possible ! Aussi, malgré les coups durs qui se sont présentés sur sa route, il préfère ne s’attarder que sur les aspects les plus réjouissants d’une existence bien remplie. Pas étonnant, dès lors, qu’il soit devenu le "chouchou" du Domaine de Maleska, résidence Occitalia située à quelques encablures seulement de la ville de Sète. Retour en arrière sur l’étonnant parcours d’un autodidacte qui a commencé sa vie professionnelle en tant que commis charcutier, avant de se muer en projectionniste, puis de devenir régisseur dans l’univers de la publicité. Durant toutes ces années, il aura croisé nombre de célébrités aux quatre coins du globe ; parmi elles, Orson Welles, Johnny Halliday, Jacques Chirac ou encore le Pape Jean-Paul II. "1000 vies en 1 seule", ce pourrait être le titre d’un film consacré à Monsieur Picard : action !

"Nous avons fait beaucoup de sorties avec l’équipe de la résidence. Dynamique et toujours à l’écoute de nos besoins."

Michel Picard pousse les portes du Domaine de Maleska en septembre 2016, avec son épouse Marie-Thérèse, dite Marité. Le couple prend vite ses marques et s’intègre aisément à la vie en Résidence Services Seniors (RSS). Une adaptation facilitée par un cadre de vie qui fleure bon le village-vacances, avec ses jolies villas, ses allées fleuries et sa piscine, bien utile en terres héraultaises… Michel prend même part à la création de la chorale, avec les animateurs de la Résidence Services Seniors. Et puis, avec Marité, nous faisions des sorties avec toute l’équipe de la résidence, dynamique et toujours à l’écoute de nos besoins. Nous sommes allés à Bouzigues déguster des huîtres, au Théâtre de la Mer, à Sète, ou encore à la Bambouseraie d’Anduze. Et nous y avons passé de très bons moments. Mais l’histoire de Michel Picard commence bien plus tôt. Très précisément en 1940. Flashback…

Michel naît à Ruffigné, dans cette petite commune de l’ouest de la France située en Loire-Atlantique. En 1944, la famille s’installe à Rosny-sous-Bois, en Seine-Saint-Denis. Michel n’a alors que quatre ans, mais il se souvient bien de ses premières années en banlieue parisienne… Nous étions une fratrie de huit enfants. Nous habitions une grande maison, mais on voyait le jour à travers les murs ! Autant dire qu’on fermait la maison au mois de novembre et qu’on ne la rouvrait qu’en avril, quand il n’y avait plus de gel. Et on dormait à trois ou quatre par lit, pour se tenir chaud.

Sans véritable possibilité de poursuivre ses études, Michel quitte l’école à 13 ans. Il lui faut alors rapidement trouver un travail. C’est chose faite avec le poste de commis charcutier, qu’il occupera durant six mois ; rebelote avec celui de commis épicier. C’était difficile : on se levait à 4 heures du matin et on était au travail à 6h30. Et à 13 ou 14 ans, on n’est pas réellement formé pour cela.

"J’ai vue Marité pour la première fois au Bal des Bretons, dans le 15ème arrondissement. On ne s’est plus quitté."

Michel Picard, résident du Domaine de Maleska et Marité, sa femme
Michel et sa femme, Marité

C’est précisément à ce moment-là que sa vie va prendre un virage à 180 degrés. Gabriel, l’un de mes frères ainés, travaillait à la Ligue Française de l’Enseignement (LFE). Ils cherchaient un technicien, pour projeter des films de cinéma. Michel ne le sait pas encore, mais c’était le début d’une aventure qui allait changer sa vie. Il pousse donc la porte de la cabine de projection de la LFE et apprend son métier, pas à pas, en même temps qu’il découvre le cinéma. Et puis, la société OROLEIS (Office Régional des Œuvres Laïques d'Education par l'Image et le Son) le recrute en tant que technicien. C’est là que j’ai appris à monter les films et que je suis véritablement devenu projectionniste.

Le jeune homme n’a que 15 ans lorsqu’un ami lui apprend que le réalisateur René Clément cherche des figurants pour son film devenu culte : "Paris brûle-t-il ?" Comme j’étais grand, blond, les yeux clairs, j’ai été choisi pour incarner le stéréotype de l’allemand. Vous me voyez même en gros plan, l’espace d’un instant, car j’avais du texte… je dis "ya" ! Et Michel de partir dans un grand éclat de rire… Quoi qu’il en soit, son rôle lui permettra de rencontrer Leslie Caron et Orson Welles !

Mais sa plus belle rencontre, ce sera Marité. C’est elle qui lui permettra de décrocher le rôle de sa vie. Je l’ai vue pour la première fois au Bal des Bretons, dans le 15eme arrondissement de Paris. J’avais 17 ans ; elle en avait 19. On s’est dit "au-revoir" le dimanche soir, sans qu’il ne se soit passé quoi que ce soit entre nous et, le lundi soir, en rentrant du travail, qui vois-je ? Ma douce ! C’est là que notre histoire a démarré. Le couple se fiance très vite, en juillet 1960, deux mois avant que Michel ne parte en Algérie, deux années durant. À son retour en France, Michel retrouve son travail… et Marité. Ils se marieront dans la foulée et dans ce 15ème arrondissement où le destin leur a permis de se trouver. Ils ne se quitteront plus.

"On travaillait sans filet. Quand on appuyait sur le bouton, il fallait que ça marche !"

Michel avec sa petite-fille

J’ai eu une femme merveilleuse, qui m’a donné trois beaux enfants et j’ai eu une vie formidable. Bien remplie. Pour preuve, cette collaboration avec Johnny Halliday, puisque Michel projette la pub de la boisson "Gini", avec laquelle "l’idole des jeunes" s’était acoquinée.

En 1971, l’enthousiasme de Michel lui permet d’intégrer Idenek, société de création audiovisuelle, spécialisée en programmes publicitaires. Il y deviendra rapidement régisseur : un rôle d’importance, puisque responsable technique de tout l’aspect organisationnel. Et il fera le bonheur de marques bien connues : Pampers, Ariel, Lenor ou encore Vizir… Il rejoint ensuite Duplistore, société qui projette les programmes réalisés par Idenek. Je supervisais les techniciens et faisais toutes les visites de chantier : Monaco, Grèce, Angleterre, Hollande, Italie… Marité et moi avons même eu le bonheur de rencontrer le Pape Jean-Paul II, à Rome, puisque nous avions réalisé un programme audiovisuel pour "les Orphelins apprentis d'Auteuil".

Ce ne sera pas la seule rencontre ! Et le regard de Michel brille, lorsqu’il évoque son "tour de France" avec Pierre Balmain, limousines et jets privés à l’appui, pour présenter le parfum star dans toutes les grandes villes de l’Hexagone : "Ivoire". En Hollande, il fera la connaissance de Freddy Heineken, Président de la célèbre mousse néerlandaise, mais il garde surtout le souvenir de tout le matériel qu’il avait fallu monter jusqu’au 7ème étage par l’extérieur. L’écran de 2m40 dans les airs, c’était quelque chose ! Il fallait s’adapter en permanence. On peut clairement dire que j’ai aussi été déménageur ! Moins acrobatiques, les meetings politiques, où il règle les micros et les lumières, lui donnent l’occasion de rencontrer Jacques Chaban-Delmas ou Pierre Bérégovoy. Et lorsqu’il devient responsable des salles audiovisuelles du Bourget, pour le célèbre salon aéronautique, c’est Jacques Chirac en personne qu’il côtoie. On travaillait constamment sans filet. Le stress était omniprésent, car on n’avait pas droit à l’erreur : quand on appuyait sur le bouton, il fallait que ça marche !

"Occitalia était en train de construire une résidence à Poussan, à seulement 400 mètres de chez nous."

Un métier passionnant mais aussi chronophage qu’énergivore. Alors, en 2000, quand l’heure de la retraite sonne, le couple s’installe en terres héraultaises, à Poussan. Marité étant sarde, elle souhaitait retourner dans le Sud, près de la Méditerranée. Pas facile pour moi, le gars du Nord, mais je m’y suis bien habitué ! On a été heureux, ici. Malheureusement, Marité est tombée malade. Impossible de m’occuper d’elle, de la maison et de l’intendance en même temps. Occitalia était justement en train de construire sa résidence à Poussan, à 400 mètres de chez nous. J’ai demandé un dossier et j’ai vendu la maison en une semaine !

Le couple s’installe donc au domaine de Maleska fin 2016 et profite de ce que la vie en RSS offre de meilleur : le partage, la convivialité, les sorties et des contraintes réduites à leur plus simple expression. Hélas, au bout de six mois, l’état de santé de Marité se détériore. Elle doit être hospitalisée dans un service de gériatrie plus adapté. Heureusement, les passerelles sont nombreuses entre les résidences Occitalia et le Groupe Clinipole, auxquelles elles sont rattachées. Marité bénéficie donc d’une prise en charge rapide et de qualité, dans un EHPAD tout proche de Maleska. Michel peut ainsi lui rendre visite aussi souvent qu’il le souhaite. Malheureusement, elle s’éteindra à la fin de l’année 2020… Un événement douloureux, qui révèlera à nouveau l’état d’esprit de Michel. Malgré l’épreuve, je ne me suis pas laissé abattre. Et j’ai toujours conservé mon humour : c’est essentiel. Une force de caractère et un enthousiasme qui ont servi Michel toute sa vie durant, dans son métier comme dans sa vie en RSS.

"Les rapports entre nous sont exceptionnels, le personnel est bienveillant : toujours disponible, en cas de besoin."

Portrait de Michel Picard jeune

Et le planning est toujours bien chargé ! À Maleska, je me lève tous les matins entre 5h30 et 6h00. Je file directement à la cuisine de la résidence, pour papoter avec les chefs. Il y a encore quelques temps, j’épluchais même les patates ! Je me rends ensuite à l’accueil, pour prendre des nouvelles de toute l’équipe : gestionnaire, coordinatrice et tous les agents qui travaillent ici, au quotidien. Car vraiment, l’ambiance est très bonne. Et puis, évidemment, je fais des compliments aux dames ! Je parle à tout le monde, je plaisante et raconte des histoires… C’est simple : je suis la Gazette de la résidence ! Enfin, à midi, c’est l’heure du repas, que je prends tous les jours à notre restaurant. Parce qu’on y mange bien et que c’est l’occasion idéale pour rencontrer du monde, échanger. Encore et toujours. Et notamment avec la direction de la résidence. Les rapports entre nous sont vraiment exceptionnels, le personnel bienveillant. La gestionnaire vient nous voir tous les midis, elle nous salue et est constamment à l’écoute. Toujours disponible, en cas de besoin.

Michel rejoint ensuite sa jolie maison d’environ 70 m2, avec jardin, pour la sacro-sainte sieste du début d’après-midi. Et si le rangement a été fait dès le lever du soleil, une femme de ménage vient prêter main forte à notre résident, une fois par semaine, afin de l’épauler. À l’étage de la villa, une seconde chambre lui permet d’accueillir régulièrement ses enfants, ses petits-enfants et son arrière-petit-fils.

J’ai la chance d’être bien entouré. Ma famille est vraiment formidable ! Et puis, j’ai aussi plein d’amis qui viennent me rendre visite. D’autres fois, c’est moi qui vais les voir, à l’extérieur. Et je m’occupe : je lis, je joue à la pétanque, au rami, à la belotte aussi, puisque je participe aux tournois inter-résidences Occitalia. J’aurais bien aimé faire du théâtre, mais j’ai peur que la mémoire ne flanche…Et le soir, je me fais à manger à la maison, de la soupe, des rognons… Michel est décidément inarrêtable ! Si vous passez du côté de Poussan, dans l’Hérault, n’hésitez pas à venir le saluer : sa joie de vivre est on ne peut plus communicative…